La présidente de l’ANC rencontre des députés du Parlement français, qui exigent du Gouvernement espagnol et demandent à l’Union européenne un dialogue et la liberté des prisonniers politiques catalans
La présidente de l’Assemblée Nationale Catalane, Mme Elisenda Paluzie, a rencontré hier plusieurs députés et politiciens européens à Paris. Elle a profité de cette rencontre pour dresser une ébauche de la situation actuelle en Catalogne, mettant spécialement l’accent sur la répression politico-judiciaire exercée par l’État espagnol, en citant plusieurs exemples. Elle a d’une part souligné que ses deux prédécesseurs, les présidents Mme Carme Forcadell et M. Jordi Sànchez, sont en prison ; d’autre part, elle a mis en relief la caution de plus de 2 millions d’euros, en guise de responsabilité civile, que le juge de la Cour suprême espagnole M. Pablo Llarena a imposée aux 14 ex-membres du Gouvernement poursuivis pour malversation lors du référendum du 1er octobre.
La présidente a fait l’éloge de la persévérance et de la solidarité de la population, qui est parvenue en un week-end à faire des dons à hauteur d’environ 900 000 euros pour payer la caution; mais également de la constance des citoyens, qui se sont mobilisés sans relâche et inlassablement depuis l’incarcération des prisonniers politiques.
Mme Paluzie a affirmé que, malgré la répression, celle-ci n’affecterait pas l’objectif de l’ANC, et que l’organisation continuerait à travailler pour la réalisation du mandat du référendum du 1er octobre, c’est-à-dire l’indépendance de la Catalogne.
À son tour, M. Ignasi Fortuny, représentant de l’ANC et porte-parole des 86 élus de la Catalogne Nord qui ont demandé aux institutions françaises de se solidariser avec la Catalogne, a rapporté l’importance de ce territoire dans la gestion et le succès du 1er octobre, lorsque ses habitants se sont chargés de transporter, cacher et distribuer les urnes.
Solidarité avec le peuple de Catalogne
La réunion, organisée par M. Jean-Félix Acquaviva, député corse à l’Assemblée nationale, a permis de présenter la plateforme EU-Catalonia Dialogue Platform, présidée par Ivo Vajgl, au sein de laquelle des eurodéputés de différents pays et idéologies ont uni leurs forces pour promouvoir le dialogue entre la Catalogne et l’Espagne, et demandent un règlement démocratique du conflit.
Plusieurs députés corses et bretons de Régions et Peuples Solidaires (RPS), de La République en Marche et des Verts ont assisté à cette rencontre. Tous ont voulu montrer leur solidarité avec le peuple catalan et la répression qu’il subit, qu’ils jugent inacceptable. Ainsi, le député corse Jean-Félix Acquaviva l’a qualifiée d’atteinte « grave » au droit à l’autodétermination des peuples et aux droits fondamentaux de la démocratie française et de l’Union européenne.
Mme Martine Wonner, représentante de La République en Marche, la formation politique dirigée par le Président de la République Française, M. Emmanuel Macron, a jugé « inadmissible » l’existence de prisonniers politiques et d’exilés, leur témoignant son support et défendant la liberté d’expression. De plus, elle a demandé à l’Europe de s’impliquer solidairement dans cette situation et s’est engagée à essayer de faire passer le message au Premier ministre français, M. Édouard Philippe.
Le député slovène Ivo Vajgl a quant à lui à nouveau affirmé le droit des peuples à décider de leur futur et a décrit la répression pendant le référendum comme un exemple de ce qui ne peut pas se produire dans une démocratie. M. Vajgl a demandé la liberté de ses collègues prisonniers et a exigé du gouvernement d’Espagne qu’il prenne le téléphone et appelle les juges pour leur demander de libérer les prisonniers.
À cette rencontre ont également assisté Messieurs François Alfonsi, du Comité de Solidarité Corse ; l’eurodéputé José Bové, prenant part par vidéo-conférence ; Mark Demesmaeker, eurodéputé flamand; Pèire Costa, du Collectif de Solidarité du Var avec le Peuple catalan ; Paul Molac, de Régions et Peuples Solidaires ; des représentants de l’ANC France ; et Jordi Solé, eurodéputé d’ERC (Gauche Républicaine de Catalogne), qui a regretté que l’Union européenne ignore les demandes de la Catalogne et a remercié le soutien des différentes voix qui s’élèvent en sa défense.